Analyse des statistiques de pêche aux engins dans le bassin du Rhône. Deuxième partie : étude des captures

Analysis of fishing gear fishery statistics in the Rhône river basin. Part two : Study of the catch

¹ Laboratoire d'Ecologie des Systèmes Fluviaux, URA CNRS 1451, 1 rue Parmentier, 13200 ARLES, France.
² Direction Régionale de l'Environnement Rhône-Alpes, 12 quai Maréchal Joffre, 69002 LYON, France.

Reçu : 21 Avril 1993
Accepté : 31 Décembre 1993

Résumé

En confrontant les captures déclarées et les autorisations délivrées sur le Rhône et la Saône en 1988 et 1989, on estime pour ces deux années les prélèvements de la pêche aux engins à 238 t/an et 273 t/an. Les captures sont essentiellement constituées de grands cyprinidés (Abramis brama, Blicca bjoerkna, Rutilus rutilus et Chondrostoma nasus) et de poissons amphihalins comme les muges (Liza ramada en majorité) ou l'anguille (Anguilla anguilla). La pêche professionnelle fluviale représente en moyenne 72 % des captures. Pour certaines espèces comme les aloses (Alosa fallax en majorité), le brochet (Esox lucius), le sandre (Stizostedion lucioperca) et le poisson-chat (ictalurus mêlas), les pêcheurs amateurs aux engins et filets prélèvent des quantités comparables à celles des professionnels. De plus, les amateurs sont majoritaires dans les productions de la Saône amont. La biomasse totale des captures du Rhône deltaïque arrive en seconde position derrière celle de la Saône aval, située au centre du bassin. Ce secteur apparaît comme une zone de première importance pour la pratique de la pêche aux engins strictement fluviale en France. Les captures déclarées suivent un rythme saisonnier en relation avec le cycle de l'effort de pêche mis en évidence dans la première partie de l'article (CHANGEUX et ZYLBERBLAT, ce numéro). Les aloses sont capturées pendant la fermeture des autres pêches, au mois de mai. Les muges sont capturés pendant la saison "froide" et la friture de petits cyprinidés (Alburnus alburnus, en majorité) pendant la "saison chaude". Dans la Saône aval, l'analyse des Captures par Unité d'Effort (CPUE) valide la distinction des métiers définis dans la première partie de l'article. L'utilisation des CPUE est envisagée pour suivre les stocks des principales captures du secteur.

Abstract

From the data on fish captures in the Rhône and Saône rivers declared to the fishing authorities in 1988 and 1989, we assessed a harvest from fishing gear of 238 and 272 tons per year, respectively. The captures essentially consist of large cyprinids (Abramis brama, Blicca bjoerkna, Rutilus rutilus and Chondrostoma nasus), euryhaline fishes such as mullets (essentially Liza ramada) and eels (Anguilla anguilla). Commercial (professional) fishing represents on average 72% of the captures. For certain species such as shad (essentially Alosa fallax), pike(Esox lucius), pikeperch (Stizostedion lucioperca) and catfish (ictalurus melas), recreational fishermen (amateurs) catch quantities similar to the professionals. Moreover, they account for the majority of the yield of the upper Saône. The biomass of the captures in the deltaic Rhône is ranked second behind that of the lower Saône, situated in the center of the basin. This sector is a region of national importance for a strictly fluvial fishery. The declared captures follow a seasonal cycle related to fishing effort as explained in the first part of the paper (CHANGEUX et ZYLBERBLAT, this issue). The shads are captured when the other fisheries are closed in the month of May. The mullets are captured during the "cold" season and the small cyprinids (essentially Alburnus alburnus) are caught during the "warm" season. In the lower Saône, the analysis of the Catch Per Unit Effort (CPUE) shows significant variations between the categories of fishing as described in the first part of the paper. The use of CPUE is suggested in monitoring the stocks of the most important catches of the sector.